Depuis sa sédentarisation, les pratiques de mobilité de l’homme ont beaucoup évolué et au fil des siècles, avec les différentes révolutions industrielles, sont apparus de nouveaux moyens de transport ayant permis d’aller plus loin, plus vite. Les externalités qui en découlent sont multiples et profondes. Aujourd’hui, il est non seulement possible de se rendre à l’autre bout du monde en 24h tout comme il est possible d’effectuer un achat lors de son déplacement grâce à son mobile.

Toutes ces évolutions ont donc contribué à changer la perception du temps et de l’espace : il est désormais possible de vivre plus loin de son lieu de travail qu’autrefois, le choix peut être fait entre différents modes de transport tout au long du parcours, etc. Dans quelle mesure cela impacte-t-il le quotidien, les usages et les habitudes ?

De la nature du temps de parcours

La définition de temps de parcours se rapproche de la notion d’espace-temps lié à la motilité. Il est important à ce sujet de pouvoir faire le distinguo entre « Mobilité » et « Motilité ». Ce dernier terme a été proposé par des chercheurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne dans une étude sur la mobilité, et défini comme « la manière dont un individu ou un groupe fait sien le champ du possible en matière de mobilité et en fait usage pour développer des projets ». Lors d’un déplacement d’un point à un autre, le temps de parcours comprend les facteurs suivants :

  • La distance spatiale
  • La nature du trajet, dans sa fréquence ou récurrence
  • Les différents modes de transport

Ces éléments vont permettre à un individu de déterminer l’optimisation de son temps de parcours en fonction de différentes typologies de priorités.

Biais cognitifs ainsi que disponibilité attentionnelle ne sont donc pas les même en fonction de ces critères. Afin d’illustrer ce concept, prenons deux exemples :

  • Un individu A effectue un trajet quotidien de 45 min pour se rendre de son domicile à son lieu de travail. Il parcourt d’abord les 15 premières minutes en voiture jusqu’à sa station de métro puis 25 minutes en transport en commun, et enfin 5 minutes à pied.
  • Un individu B se rend pour un week-end dans une capitale Européenne située à 3h de chez lui. Il décide de faire du covoiturage pour ce trajet car il souhaite sociabiliser.

Durant les différents trajets qu’effectuent ces deux individus, nous pouvons déjà supposer que la disponibilité cognitive et les usages ne seront pas les mêmes. En effet, la nature fréquente du déplacement de l’individu A peut lui permettre de prévoir un détour en anticipé s’il a une course à effectuer. Il sera également exposé différemment aux annonces publicitaires qui seront faites via des panneaux d’affichage, à la radio locale, ou encore potentiellement via des tracts distribués.

En revanche, l’individu B effectuant un trajet de nature exceptionnel, avec la contrainte du covoiturage dans un contexte social ne pourra pas anticiper de détour lors de son trajet. Il aura en revanche la liberté de consulter son téléphone régulièrement au cours du parcours et donc d’être exposé à d’autres formes de publicités. En outre, la rencontre de nouvelles personnes issues de ce système de mobilité permet une mixité sociale plus importante.

Evolutions technologiques et nouveaux usages

« Ecomobilité », « Mobilité collaborative », « Autopartage », sont autant de termes qui entrent désormais dans le langage courant. Au-delà de l’aspect purement linguistique, ces « nouveaux » concepts sont apparus à travers le développement des nouvelles technologies facilitant la communication entre les individus mais également, des besoins liés à différents facteurs : enjeux écologiques, économiques, innovation, etc.

La possibilité de partager des véhicules de toutes sortes : voitures, vélos, trottinettes, ou encore de sous-louer son propre véhicule, a profondément changé les modes de déplacement. L’innovation technologique liée à la voiture autonome permettra dans un futur proche à des individus sans permis d’effectuer des trajets où ils restaient jusqu’alors dépendants de la disponibilité d’un conducteur.

Sans compter les nouveaux concepts de voiture volante dont le potentiel impact sur la fracture territoriale et l’urbanisation vont permettre une meilleure vision sur la congestion de trafic et ainsi, impacter socialement et écologiquement la société.